UTILISATION DES PRATIQUES COMPLEMENTAIRES (PC) CHEZ LES PERSONNES ENDEUILLEES
Stéphanie TRAGER, Institut Curie Paris
Introduction et problématique :
Cette présentation vise à illustrer les résultats d’une enquête nationale menée auprès de personnes endeuillées. Elle est issue d’une réflexion collective des membres du groupe de travail pluridisciplinaire sur le deuil de la SFAP.
En effet, en tant que professionnel de santé, nous constatons que les personnes endeuillées ont recours à des pratiques complémentaires c’est à dire à des pratiques ne faisant pas partie de la médecine dite conventionnelle, sans pour autant que l’on puisse attester de l’efficacité de celles-ci dans le cadre du deuil. A notre connaissance, aucune étude n’a été réalisée sur le sujet.
Nous nous sommes questionnées sur les pratiques utilisées et les raisons qui poussent ces personnes à y avoir recours ainsi que sur les bénéfices qu’ils en tiraient.
Méthode: Nous avons mené une enquête de type exploratoire par un questionnaire anonyme en ligne permettant de connaître notamment la pratique complémentaire utilisée, le niveau de satisfaction de l’utilisateur et les raisons qui l’ont amené à y avoir recours. Ce questionnaire a été diffusé aux associations d’endeuillées partenaires de la SFAP qui l’ont transmises à leurs membres sur une durée de quatre mois entre juin et septembre 2022.
Résultats/ Discussion :
Nous avons recueilli et analysé 304 questionnaires.83% des répondants ont eu recours à une ou plusieurs PC dans le cadre du deuil. On observe une grande diversité d’interventions mais la pratique la plus représentée était la méditation de pleine conscience. Plus de la moitié des répondants avaient découvert ces pratiques par eux-mêmes (53%), et plus rarement sur les conseils d’un professionnel de santé (19%). 88% des répondants étaient satisfaits de leur utilisation. Le besoin de soutien était la principale raison citée d’utilisation de ces PC par les endeuillés.
Conclusion :
A notre connaissance, cette étude est le premier travail qui s’intéresse à l’utilisation des PC chez des personnes endeuillées. Notre enquête montre que, tout comme dans le cas d’une maladie chronique et grave tel que le cancer, les personnes qui ont recours à ces pratiques à la suite de la perte d’un proche sont nombreuses et satisfaites et ce malgré l’absence de preuves scientifiques permettant de justifier de cette efficacité. La diversité des approches peut cependant interroger et il nous semble pertinent d’explorer davantage, peut-être au travers d’une étude plus formalisée par des entretiens semi dirigés, ce qui peut justifier de ces recours. L’utilisation de ces PC pourrait représenter un intérêt croissant pour les endeuillés face à une société aux injonctions de productivité, d’efficacité et de rentabilité enclin à cacher la mort et à faire disparaitre le deuil du champ social.